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Seule

Que faire ? Je me trouvais fort probablement en 1666, seule et sans possibilité de retour vers la Terre des Anciens dans l’immédiat. Alix s’imposa vivement à mon esprit. Un protecteur aurait été le bienvenu dans cet univers que je craignais aussi hostile que celui que je venais de quitter, mais pour des raisons différentes. J’allais devoir me passer de mon Cyldias… Il me faudrait donc une bonne dose de courage et de volonté pour affronter mon futur incertain. Premier objectif : trouver la civilisation. C’était essentiel pour me protéger le temps d’évaluer mes piètres perspectives d’avenir. En aval du fleuve, il n’y aurait pas d’habitations avant plusieurs années. Ma seule chance de survie dans cette direction était peut-être le poste de traite de Tadoussac. Il serait donc préférable de remonter le cours du Saint-Laurent vers Québec et espérer pouvoir m’y réfugier jusqu’à… jusqu’à… Je n’en savais trop rien…

J’avalai une bouchée du peu de vivres que mon bagage avait pu conserver intacts : une gourde d’eau et quelques fruits maintenant humides. Je glissai la dague d’Alana dans la ceinture de ma jupe, souhaitant ne pas avoir à m’en servir, puis je remis mon sac en bandoulière. Après ce court intermède, j’entrepris la longue marche vers ce qui allait devenir la capitale de la province. Je devrais suivre le bord de l’eau en permanence, ce qui risquait tôt ou tard de poser problème par rapport aux marées. Par ailleurs, je n’avais aucune idée du temps dont j’aurais besoin pour atteindre ma destination. J’ignorais ce que je pourrais manger, la saison des fruits des champs étant terminée. Je n’avais que peu de talent pour la chasse ou la pêche, rien pour allumer un feu et… et… et… À peine avais-je rejoint les berges que je m’effondrais sur le sable en pleurant…

Je ne sais combien de temps je demeurai prostrée, gémissant sur mon sort, sur ces mêmes berges que je chérirais dans quelque trois cents ans. J’avais fermé les yeux, refusant obstinément de les ouvrir, comme si les minutes qui s’égrenaient pouvaient balayer la vision de cauchemar qui m’attendait de l’autre côté de mes paupières closes. Sans cesse, je me remémorais les derniers moments passés sur la Terre des Anciens. Les mésaventures que j’y avais vécues me semblaient soudain – étonnamment – plus vraisemblables que la situation dans laquelle je me trouvais maintenant, sur cette bande de rivage déserte et inhabitée. Si je n’avais eu qu’une vague idée de ce que me réservait le monde que je venais de quitter avec soulagement, je savais trop bien ce que je devrais affronter ici.

Je me revoyais, adolescente de quinze ans, dans une classe de mon école secondaire, écoutant attentivement l’histoire de la Nouvelle-France que me racontait avec passion une dame entre deux âges que je vénérais presque. Cette matière, que peu de mes camarades appréciaient, me faisait littéralement rêver. J’entendais encore dans ma tête, dix ans plus tard, Mme Letendre qui criait haut et fort devant un groupe d’élèves blasés et quasi somnolents : « C’est toi le gouverneur de la Nouvelle-France, Laçasse. Qu’est-ce que tu crois que tu dois faire pour régler définitivement le conflit entre les nobles et les paysans ? Hein ! Qu’est-ce que tu dois faire ? » Elle avait le don de toujours choisir celui qui était le moins apte à fournir une réponse valable, celui qui sursautait, les yeux perdus, se demandant ce qu’elle pouvait bien avoir à s’énerver comme ça, son chignon soudain de travers, agitant ses bras encerclés de bracelets qui tintaient furieusement. Elle n’attendait pas la réponse et se déplaçait ensuite sur la droite ou la gauche, répandant une puissante odeur de parfum sucré dans son sillage et posait à nouveau sa question à une seconde victime toute aussi hagarde que la première.

Il me vint à l’esprit que j’aurais peut-être dû rêvasser moi aussi en ce temps-là ; cela m’aurait évité de retenir de larges pans de notre histoire qui me donnaient aujourd’hui envie de prendre mes jambes à mon cou. Les Amérindiens, le dur labeur, les conflits armés, le manque de soins adéquats, de confort et de commodités, les châtiments corporels, la religion omniprésente, l’ignorance, l’intolérance, l’inégalité des sexes – quel euphémisme ! – et les préjugés. C’est ce moment de ma réflexion que choisirent les nausées pour refaire une apparition, question de me rappeler que je devrais probablement accoucher ici si je ne parvenais pas à revenir sur la Terre des Anciens, puis chez moi, dans un délai raisonnable.

Je séchai mes larmes d’un doigt tremblant. De toute manière, quoi que je puisse dire ou faire, rien ne pourrait me sortir de ce merdier avant que je ne m’y sois enfoncée jusqu’au cou, j’en aurais mis ma main au feu. S’il y a un don que je possédais, qui ne devait rien à ma visite dans le sanctuaire des Filles de Lune, c’était bien celui de me retrouver dans des situations invraisemblables sans que je comprenne exactement comment et pourquoi.

Je me laissai finalement choir sur le dos avant de me risquer à ouvrir un œil. Je ne découvris que le ciel d’un bleu limpide et sans nuages, où passa un oiseau de mer porté par Éole. Je l’enviai de pouvoir se déplacer ainsi, au gré du vent, sans soucis autres que ceux de se nourrir et se reproduire. Et voilà ! Cette bête réflexion me ramenait inexorablement à mon propre problème, une grossesse que je ne pouvais plus interrompre dans cette colonie en développement sans risquer d’y laisser ma peau. La petite voix sournoise de ma conscience me rappela que, peu importait que je désire me faire avorter ou que je rende les embryons à terme, j’avais des chances égales de ne jamais m’en remettre… Charmante perspective !

Consciente qu’il ne me servait à rien de prolonger indéfiniment cet apitoiement sur moi-même, je me redressai, regardant une fois de plus le paysage s’étendant en aval et en amont. Un instant, j’imaginai que j’aurais pu attendre qu’un bateau passe dans une direction ou dans l’autre. Par contre, je ne savais pas si les navires empruntaient le canal nord ou le canal sud, c’est-à-dire de ce côté-ci de l’Ile-aux-Coudres ou de l’autre. À mon époque, la question se posait rarement puisque le tonnage des bâtiments ne permettait à peu près jamais qu’ils naviguent entre Pointe-au-Père et l’île, les fonds marins étant trop près de la surface. Je doutais malheureusement qu’il en aille de même pour les navires qui suivaient aujourd’hui le cours du fleuve.

Je me mis finalement en route, n’ayant rien à gagner en demeurant plus longtemps sur place. Je longerais les berges en espérant avoir toujours suffisamment d’espace pour me déplacer sans que la marée vienne me coincer quelque part au flanc d’une falaise.

Le reste de la journée s’écoula sans anicroche, si ce n’est mon ventre qui gargouillait bruyamment. La faim accentuait mes nausées et la tête me tournait légèrement. J’avais grignoté les derniers vestiges de mes maigres provisions et j’ignorais si je trouverais de quoi me nourrir dans un avenir rapproché. Je me résignai à passer la nuit l’estomac vide. Je remerciai tout de même le ciel que les sources d’eau fraîche fussent légion. Au moins, je ne risquais pas de me déshydrater.

Pour dormir, je repérai un petit coin à l’abri, sous une saillie rocheuse, et sortis ma couverture humide de mon sac. J’espérais que la nuit ne serait pas trop froide. Le sommeil me fuyant, je scrutai le ciel étoilé comme si je pouvais y lire ce qu’Alana me réservait. Je laissai mon esprit vagabonder, souhaitant oublier, au moins quelques minutes, ma situation précaire. Si l’exercice me le permit effectivement, je n’en éprouvai aucune satisfaction. Alix occupa tout l’espace ainsi libéré. Je m’endormis finalement au souvenir de ces ultimes instants passés ensemble. Je m’interrogeais sur ses derniers mots. Pouvait-il réellement venir à ma recherche dans un autre monde ? En secret, je priais pour que ce fût vrai…

Je me réveillai avec le soleil, courbaturée, transie et de fort mauvais poil au rappel de mon triste sort. Je ramassai ma couverture d’un geste rageur et repris bientôt la route, nauséeuse. J’atteignis la baie de Saint-Paul au milieu de la journée, épuisée et affamée. Il ne faisait aucun doute que je ne pourrais pas tenir bien longtemps sans une alimentation adéquate, surtout si je devais marcher jusqu’à ce que je rencontre un semblant de civilisation. Je fournis un effort considérable pour me rendre au centre de la baie. Je m’effondrai en retrait de l’emprise de la marée et m’endormis sur-le-champ.

Je devais rêver. Des voix d’hommes aux résonances étranges se répercutaient en écho dans mon crâne douloureux. Ils ne parlaient pas français, mais je comprenais tout de même des bribes ici et là. Quelques mots comme « femme », « perdue », « blanche », « quoi faire » et « Tadoussac ». Lorsque je saisis le dernier mot, je réalisai que je ne dormais plus vraiment, somnolant plutôt, l’esprit entre deux eaux. J’ouvris brusquement les yeux et me retrouvai face à face avec ce que je présumai être… un authentique Amérindien. Je ne savais trop si je devais m’en réjouir ou non.

L’homme recula précipitamment. Je me relevai lentement, le cœur battant, ne sachant pas si leurs intentions étaient amicales. Une partie de mon cerveau s’échinait à se souvenir des notions d’histoire apprises concernant les peuplades amérindiennes, pendant qu’une autre s’interrogeait sur l’attitude à adopter. Je choisis finalement de ne rien faire et d’observer.

Ils étaient une dizaine autour de moi, des hommes et des adolescents, me dévisageant avec davantage de curiosité que d’antipathie. Certains échangeaient à voix basse alors que d’autres se balançaient d’un pied sur l’autre, visiblement mal à l’aise. Celui qui semblait être le chef fit un signe de la main en direction d’un Blanc d’une vingtaine d’années se tenant légèrement en retrait. Embarrassé, ce dernier se déplaça lentement vers nous. L’Amérindien plus âgé lui demanda s’il était capable d’établir un dialogue entre la femme – il me montra du doigt – et leur groupe. L’autre haussa les épaules en signe d’incertitude, tout en mentionnant qu’il allait essayer.

Inconsciemment, je poussai un soupir de soulagement. Si certaines formes de magie – comme ma faculté à voir la nuit – ne semblaient pas avoir franchi la barrière du temps et de l’espace, la xénoglossie ne rencontrait pas d’obstacle ; je comprenais chaque phrase. Qu’ils me croient incapable de saisir la teneur de leur conversation me paraissait plus prudent. J’attendis donc l’intervention de mon interprète. Celui-ci s’approcha de moi, me souriant timidement, avant de simplement demander, en français, qui j’étais.

« Excellente question », me dis-je. J’aurais mieux fait d’utiliser le court délai entre le moment où ils avaient fait ma découverte et la décision de m’assigner un interprète pour penser à ce que je pourrais bien leur répondre advenant cette question prévisible. Comment justifier ma présence dans ce coin isolé, sans mari ni moyen de subsistance ?

Devant mon absence de réaction, et de réponse, le jeune homme passa machinalement à l’anglais, réitérant sa question.

Je sursautai et répondis précipitamment dans un mélange des deux langues. Alors que tous me regardaient, l’air interrogateur, je me repris, en français uniquement.

— Je suis perdue. J’ignore comment rejoindre un village…, bafouillai-je le plus innocemment possible.

Je savais qu’il était tout à fait improbable que je puisse m’être égarée aussi loin de la civilisation, mais je ne voyais vraiment pas ce que j’aurais pu leur raconter. Aucune réponse ne pourrait être plausible, sauf la vérité, et c’est précisément ce qu’ils risquaient le moins de croire…

Mon jeune interprète me fixa un instant, interdit, une étrange lueur traversant son regard bleu clair.

— Elle dit qu’un homme l’a abandonnée près d’ici il y a deux nuits, avant de s’en retourner avec son embarcation, raconta-t-il au chef du petit groupe.

Ce fut à mon tour de le contempler, bouche bée. Je me forçai toutefois à reprendre une attitude neutre, n’étant pas censée comprendre la conversation. L’homme plus âgé rétorqua :

— Nous l’aiderons à rejoindre le poste de Tadoussac, où un navire pourra la ramener à Québec. Mais il faut d’abord que j’en parle avec Orage d’été.

L’interprète me répéta mot pour mot la réponse de son vis-à-vis. Je le remerciai du bout des lèvres, puis attendis la suite. Rien ne vint. Il semblait bien que tout avait été dit. Le groupe se remit en route, mon guide fermant la marche. Nul ne pensa à m’inciter à les suivre et, un court instant, je me demandai si je ne ferais pas mieux de rester ici. Même si j’avais compris la teneur de leurs échanges, je ne me sentais pas en sécurité. Je me rappelais fort bien qu’il avait été question de traite des Blanches, de même que d’adoption en échange d’un parent perdu aux mains de l’ennemi, dans les cours d’histoire de mon lointain passé civilisé. J’aurais été bien en peine de préciser qui, des Abénaquis, des Montagnais ou des iroquois, avait ce genre de coutume. Et même si je l’avais su, je n’étais plus certaine de me souvenir lesquels soutenaient les Anglais par rapport à ceux qui appuyaient les Français. J’étais portée à croire que j’avais échoué dans le bon groupe, mais comment en être sûre ? Je fus tirée de ma réflexion par la voix grave de mon interprète :

— Vous devriez nous suivre…

Voyant que j’hésitais, il me sourit gentiment :

— Ne vous inquiétez pas. Ils ne vous veulent pas de mal. Les Montagnais n’ont pas pour habitude de marchander les femmes des colons. Ils préfèrent plutôt les ramener à bon port.

Soulagée, je me mis en marche. Le vent s’était levé dans les dernières minutes, poussant une longue plainte déchirante venue du large. Frissonnante, je me retournai et scrutai l’étendue d’eau, comme si je craignais d’y voir apparaître ceux que j’avais mis tant d’empressement à fuir. Je hâtai le pas, soudainement pressée de quitter les bords du fleuve, une impression étrange me nouant l’estomac.

 

Le talisman de Maxandre
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